• Une richesse à mettre au profit du développement

     L’architecture locale pourra constituer un créneau de développement important si toutefois elle est valorisée. Rares sont les études approfondies qui ont traité ce volet dans la province de Nador. Des études approfondies permettront de mettre en exergue les aspects culturels et techniques de ce patrimoine en voie de disparition. Si ce patrimoine est révélé à sa juste valeur, il pourra jouer un rôle important dans le développement du tourisme écologique.

    De petits projets de réhabilitation des maisons traditionnelles de la province de Nador serviraient de maisons d’hôtes pour les touristes nationaux et étrangers, surtout si elles sont intégrées dans des circuits touristiques qui révéleraient eux aussi les richesses de cette région.

    Des études permettraient en plus d’élaborer un référentiel technique, qui pourra être usé dans les nouvelles constructions, ce qui permettra de garder ce patrimoine vivant.

     

    v  La maison rifaine

    La maison rifaine est conçue d’une manière très simple et de façon à satisfaire et à s’adapter aux besoins des habitants. La dimension fonctionnelle l’emporte sur tous les autres aspects, tels que l’aspect formel et l’esthétique. Ainsi l’habitat est conçu avant tout pour abriter les membres de la famille et les protéger contre les agents atmosphériques. La maison forme un espace clos composé d’une cours centrale autour de laquelle s’ajuste les chambres.

    Le nombre de chambres varie selon la taille de la famille. Chaque chambre est généralement habitée par un couple. La maison doit abriter tous les membres de la famille même les fils mariés.

     

    D’une manière systématique la conception et l’organisation de la maison se caractérisent par une construction qui s’effectuer sur un seul niveau. Les chambres s’ouvrent sur le patio et ne communiquent pas entre elles. La salle des invités donne elle aussi le patio mais généralement avec une porte et une fenêtre qui s’ouvrent vers l’extérieur. 

      

    Les façades sont généralement aveugles et marquées par la prédominance horizontale exprimant un étalement en plan sur un seul niveau ; à l’exception de celle qui marque l’entrée et oriente la salle des invités dont les ouvertures sont rectangulaires, de composantes verticales.

     

    Ainsi, les murs qui délimitent la cour se caractérisent par une hauteur décalée par rapport aux murs des pièces habitables. Ce qui permet parfois de donner un jeu de volumes et un rythme à la façade.

     

    ·          La cour :

    C’est autour de celle-ci que se conçoit la maison rifaine et la maison marocaine traditionnelle en générale, car elle peut accueillir différentes fonctions. Cet espace est à la fois extraverti dans ses prolongations vers d’autres espaces extérieurs et introvertis dans certains cas. Cette introversion se traduit dans son enveloppe extérieure par des murs sans

    Fenêtres justifiées par l’intimité de la femme et par le problème défensif et psychologique. En effet, plusieurs fonctions caractérisent cet espace :

     

    ·         THASKIFT :

    Un lieu de repos où les membres de la famille se réunissent généralement chaque soir. Un espace qui s’ajuste aux chambres.

     

    ·           THANHATH :

    Un espace dont la fonction est la même que THASKEFT mais se distingue par sa forme, sa dimension et son emplacement. Il peut se trouver aussi bien à l’intérieur de la maison qu’à l’extérieur.

     Le reste de l’espace est réservé  pour les animaux domestiques, aux réserves de blé, à la circulation et…

    L’espace intérieur de l’habitat

    L’espace qui entoure la maison a une représentation très significative chez le rifains. D’abord la maison n’est pas simplement l’intérieur mais tout ce qui l’entoure. La maison n’est pas simplement un habitat mais une institution, un lieu sacré. Elle représente la famille et le monde des femmes.

     

    L’extérieur est pour les rifains une partie de la maison, un espace fonctionnel qui

    complète les fonctions de l’espace intérieur. A côté de chaque maison on trouve deux petites constructions destinées à la boulangerie et une citerne d’eau.

     

    ·           TANOUATCH :

    Un petit espace entourer de 3 pierres formant un triangle sur lequel on dispose une poêle en porterie pour préparer du pain à la rifaine et autres produits d’orge ou de blé.

     

    ·           TAAFKOUNT :

    Le four traditionnel destiné essentiellement à la cuisson du pain. Le mode de construction de ce four varie parfois d’un cercle à l’autre. Dans la région de louta il se réalise d’une manière très simple. On peut procéder de deux manières :

     

     -  1ère Sur une surface plate on superpose des pierres de façon à leur donner une forme conique que l’on couvre de pisé en prévoyant deux trous :

     

    ·       Un grand situé à +/- 40 cm de la bas à travers lequel on peut retirer les pierres formant le cône après le séchage du pisé et par lequel on peut chauffer également le four et introduire le pain

    ·       Et un petit situé au sommet du cône permet le tirage et à travers celui là on peut surveiller le pa 

      

    -     2ème Sur un soubassement en pierres on réalise le cône par l’articulation de certains éléments en bois que l’on couvre d’un tissu –sac de blé par exemple- puis on coule le pisé en prévoyant notamment les deux trous. Ensuite on allume le feu à l’intérieur du four pour brûler les morceaux de bois et obtenir un pisé bien cuit.

    En effet, après le chauffage du four l’introduction du pain et la fermeture des deux trous, on obtient le pain cuit par rayonnement émis par les surfaces intérieures du four.

     ·           La citerne d’eau :

    Certaines régions paraissent parfois dépourvues de toutes sources et de puits. Ce sont les conditions naturelles qui ne le permettent pas alors endroits – c’est le cas de Louta- creusent eux –mêmes des citernes pour recueillir les eaux de ruissellement pendant la saison pluviale. Ces citernes se remplissent grâce à un petit trou sous forme d’un cube d’un mètre cube, implanté dans un endroit où le terrain n’est pas absorbant et permet d’orienter les eaux vers le cube. La rigole se situe à +/- 30 cm de la surface supérieure du cube pour éviter l’écoulement des eaux infectes dans la citerne.

     

    v  Les lieux d’échanges, de rencontres et de communications.

    Qu’ils soient bâtis ou non, ce qui les distingue c’est qu’ils sont des lieux de communications et de rencontres humaines, des lieux où on entre en contact avec les autres pour s’informer, s’organiser, pour prendre des décisions.

     

    ·           Les lieux destinés à la communication 

    On peut distinguer des chemins privés et des grands chemins :

    -                      Les chemins privés sont des chemins qui mènent vers les habitations et que personne n’a le droit de traverser à part les personnes qui habitent là et éventuellement les visiteurs ;

    -                      Les grands chemins sont généralement des chemins situés loin des habitats qui mènent vers les sous clans et vers des espaces à fonctions économiques ou rituelles, tels que souk, mosquée, marabout, etc. Ils sont traversés par tout le monde.

    ·           Les lieux destinés aux échanges et aux rencontres :

    Ils peuvent être bâti ou non. Le sexe est l’élément d’interprétation. On distingue donc des espaces destinés aux hommes et des espaces destinés aux femmes.

    -            Les espaces destinés aux hommes :

    Ce sont les souks, la mosquée, la zaouïa, qui sont des lieux d’échanges économiques et de manifestations culturelles.

     

    Le souk, à part sa fonction économique, assume à travers les rencontres entre les gens, la fonction d’un moyen  d’informations concernant toute la tribu et le monde extérieur.

     

    -            Les espaces destinés aux femmes :

    On peut distinguer plusieurs lieux de rencontres :

     

    Le souk des femmes qui assume les mêmes fonctions que celui des hommes mais ce souk n’est pas très répandu dans le Rif.

     

    Le marabout qui est une espèce de sanctuaire où les femmes se réunissent presque chaque semaine pour

    Effectuer des pratiques mystiques et religieuses, mais aussi pour discuter des sujets concernant leur communauté.

     

    Pour les jeunes filles, les lieux de rencontre sont liés à leurs pratiques et travaux quotidiens ce sont : le puits, la source et la rivière.

     

    v  Les matériaux et la technique de construction

    La disposition et le choix des matériaux et des techniques de construction auront une très grande importance sur la modification de la forme des bâtiments.

    La maison est conçue de manière à répondre aux forces physiques du climat : chaleur, froid, humidité, rayonnement et lumière. Sa structure doit aussi répondre aux contraintes mécaniques : pesanteur, vent et pluies.

     

    ·         Les matériaux de construction

    Les matériaux de construction sont généralement disponibles sur place car ils sont répandus dans la région. Ceux qu’on utilise sont :

     

    ü  La pierre ;

    ü  Le bois ;

    ü  La paille ;

    ü  Les roseaux ;

    ü  L’argile ;

    ü  La terre.

    ·       Les éléments constructifs

    ·          Les fondations :

    Avant de commencer les travaux de terrassement, le constructeur trace un carré ou un rectangle selon la forme de la maison et dont il vérifiera les diagonales à l’aide de ficelles. Dès que les piquets sont enfoncés dans le sol on commence à creuser les fondations d’une profondeur d’environ un mètre sans emportement et d’une épaisseur de 50 cm que l’on remplit de pierres et d’un mélange de terre, d’eau et éventuellement de paille. Mais souvent les murs s’érigent sans fondation et cela dans le cas où le terrain est rocheux.

     

    ·                     Les murs

    Ils sont construit soit en briques d’adobe que l’on fabrique à l’aide de moules simples en bois dans lesquels on dispose le mortier de terre que l’on compacte légèrement à la main ; soit en pierre cimentée par un mortier de terre.

     

    Ils ont une épaisseur d’environs 50 cm et se caractérisent par peu d’ouverture, et cela pour empêcher la pénétration des rayons solaires de manière que l’intérieur reste frais toute la journée. Les ouvertures ont généralement une forme rectangulaire surmontée d’un linteau en bois. La surface extérieures des murs sont enduits de pisé et intérieurement blanchis à la chaux.

     

    ·                      Les couvertures.

    Les toitures sont généralement plates. L’exécution de la couverture se fait par des gites en bois ronds, placés dans le sens de la petite porte avec un écart constant de 30 à 40 cm, dont les extrémités donnent un relief et un rythme à la façade. Au-dessus et perpendiculairement on entasse un nattage de roseaux et on couvre le tout avec de la paille. Après ces différentes étapes on couvre le tout avec l’ensemble de la surface avec de l’argile sèche que l’on couvre d’un mortier de terre jusqu’à obtenir un hourdis de plus ou moins 3à cm que l’on pilon.

     

    Ce système traditionnel n’assurait pas tellement l’étanchéité. Souvent quand il pleuvait, on constatait quelques goutes d’eau. Mais actuellement on a amélioré l’étanchéité de ces maisons traditionnelles par l’emplacement d’une feuille en plastique entre la couche de paille et celle de l’argile dèche.

     

                                                                                                                                       ABDELHAFID LAAREJ

                      Architecte 

     

      

     


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